Pour un homme politique – ou quiconque se pique de commenter régulièrement la chose publique –, recevoir une tarte à la crème en pleine face tient du rite initiatique. Etre victime d’un outrage pâtissier ou destinataire d’un jet d’œuf (comme Emmanuel Macron), de farine (comme François Hollande) ou de milk-shake à la banane (comme Nigel Farage, le leader d’extrême droite britannique) vous fait entrer dans la grande confrérie des « entartés » et consacre votre notoriété.
L’objet de cet exercice a été défini par le Belge Noël Godin qui compte des dizaines de victimes à son actif, de Marguerite Duras à Nicolas Sarkozy, en passant par Bill Gates, Jean-Luc Godard, PPDA… La tarte à la crème est une condamnation publique par le ridicule, dirigée contre plaide celui qui, après avoir commis son forfait, s’enfuit généralement aux cris de . Il est d’ailleurs surnommé « le Gloupier ».
La pratique, qui s’inspire de nombreuses scènes venues du cinéma muet – en particulier la célèbre bagarre géante à base de chantilly qui émaille (1927), avec Laurel et Hardy –, doit respecter une certaine éthique. Un entartage digne de ce nom ne saurait se réduire à un lancer réalisé à la sauvette ; la tarte doit être déposée sur le visage de la victime. D’une blancheur immaculée, la matière est noble ; ce sera de la crème fouettée. Pas question de recourir à de la mousse à raser. Enfin, un commando pâtissier doit absolument compter un cameraman ou un photographe dans ses rangs s’il entend passer à la postérité.
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