« Un accord lors du conclave sur les retraites remettrait dans le jeu les partenaires sociaux à un moment d’inconsistance politique »

Rarement, en France, les conclusions d’un conclave auront été guettées avec autant d’attention. Mardi 17 juin, à moins qu’il ne leur faille quelques jours supplémentaires, les partenaires sociaux qui ont accepté de rester à la table des négociations diront ce qu’ils veulent faire de la réforme des retraites accouchée au forceps en mars 2023, après un mouvement social de forte intensité. L’étroitesse de la tablée – il manque une organisation patronale, l’U2P, et deux syndicats de salariés, la CGT et FO – n’enlève rien à la portée de l’événement.

Ce qui se joue à travers les résultats de ce conclave, c’est la remise dans le jeu des partenaires sociaux à un moment où la sphère politique apparaît, par contraste, prisonnière de ses postures, en déni de réalité, incapable d’assumer le moindre compromis.

Depuis le début du second mandat d’Emmanuel Macron, le passage de l’âge de départ à 64 ans empoisonne l’atmosphère. Il a suscité contre lui l’unanimité des syndicats, la résistance unitaire de la gauche, celle, farouche, de l’extrême droite, et fissuré la droite, qui avait pourtant milité, comme Emmanuel Macron, pour la retraite à 65 ans pendant la campagne présidentielle de 2022.

Avertissements réitérés

Les faits sont cependant têtus : en raison du déséquilibre démographique, le régime d’assurance-retraite est durablement déficitaire. Non seulement il ne garantit pas aux futures générations le paiement de leurs pensions, mais il participe, comme les dépenses d’assurance-maladie, au creusement des déficits et à l’alourdissement de la dette publique, au moment où le pays doit impérativement en reprendre le contrôle sous peine d’être asphyxié par les charges de remboursement.

Ni les avertissements réitérés du premier ministre ni la pédagogie déployée par la Cour des comptes, le Conseil d’orientation des retraites ou le gouverneur de la Banque de France n’ont cependant fait bouger les lignes sur le plan politique : toutes les composantes de la gauche continuent de militer pour l’abrogation de la réforme et le retour à 62 ans, en menaçant de censurer le gouvernement s’il n’obtempère pas.

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