Chaque été, Mathieu Roux organise des sorties en canoë le long des gorges de l’Allier. Un parcours en pleine nature au pied des falaises de Malmouche (Puy-de-Dôme), qui conduit les pagayeurs à apercevoir un oppidum gallo-romain ou un village médiéval classé parmi les plus beaux de France. Mais cette année, le long des berges, les clients étaient moins nombreux à enfiler un gilet de sauvetage. , regrette ce gérant d’Auvergne Loisirs, qui emploie une quinzaine de personnes en saison.
Comme lui, de nombreux professionnels du tourisme se disent déçus par cet été 2024 – sans doute car ils en attendaient beaucoup, après deux très bonnes saisons. Le mois de juillet a été particulièrement difficile. En Bretagne, seulement 38 % des mille professionnels du tourisme interrogés se sont dits satisfaits de leurs résultats de juillet, alors qu’ils étaient plus de 80 % entre 2019 et 2022, d’après une étude menée par la région. Plus de 70 % des sondés enregistrent une baisse de leur chiffre d’affaires. Même type de réponses dans les enquêtes menées en Occitanie ou en Nouvelle-Aquitaine.
Y a-t-il eu vraiment moins de touristes ? Si la part de Français partis en week-end ou en vacances pendant l’été a peu changé (à 65 %, elle a baissé de deux points, selon les chiffres communiqués par ADN Tourisme), les durées de séjour ont été plus courtes et les dépenses plus contraintes. Jusqu’à la mi-août, la fréquentation des hébergements touristiques était en recul de 6 % par rapport à 2023, d’après les chiffres fournis par le ministère en charge du tourisme, mardi 3 septembre. Elle est ensuite remontée, pour atteindre, tardivement dans l’été, les mêmes niveaux que l’an passé.
Incertitudes
De multiples facteurs expliquent cette situation : une météo médiocre pendant tout le printemps, et jusqu’à la fin de juillet, qui n’a pas incité les Français à se projeter dans des vacances ; des incertitudes politiques liées aux élections, générant une forme d’attentisme ; les Jeux olympiques, qui ont amené nombre de Français à décaler ou annuler leurs vacances ; un démarrage tardif des vacances scolaires ; l’absence de pont autour du 14 juillet… Surtout, l’augmentation des prix, depuis deux ans, dans tous les domaines du tourisme et des loisirs, a conduit à des arbitrages. Parmi les mille deux cents professionnels du tourisme interrogés dans la dernière étude de Nouvelle-Aquitaine, les trois quarts estiment que les dépenses des touristes ont baissé cette année.
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