A ses yeux, l’arte povera a , et non soixante… La plupart des historiens d’art cernent cette avant-garde artistique à l’Italie des années 1960 et 1970 ? Carolyn Christov-Bakargiev voit plus large, plus loin : elle en fait la démonstration dans la vaste rétrospective du mouvement qu’elle orchestre à la Bourse de commerce, à Paris. Pistoletto, Penone, Zorio, Anselmo, Pascali… c’est la vie et l’œuvre des treize artistes majeurs du mouvement qu’elle retrace ici. Et un peu la sienne. Car, auprès d’eux, elle a tout appris. , rappelle l’éminente spécialiste.
Pendant plus de vingt ans, elle a dirigé le Castello di Rivoli, dont la collection abrite nombre de chefs-d’œuvre de l’Italie d’après-guerre. A peine avait-elle quitté l’institution proche de Turin, qu’elle s’embarquait dans l’aventure proposée par la collection Pinault. ,assure-t-elle,
Carolyn Christov-Bakargiev commence à s’intéresser à ce mouvement dès le début de sa carrière, dans les années 1980 : ,se souvient-elle. C’est en ce sens que, comme elle le clame, l’arte povera a toujours existé. suprema poverta francescana
« Changement perpétuel »
De la Documenta qu’elle met en scène à Kassel (Allemagne), en 2012 à la Biennale d’Istanbul de 2015, elle n’a cessé d’appliquer les leçons apprises de ces treize artistes, qu’elle a tous côtoyés, sauf Pino Pascali, mort tragiquement en 1968.
Quand elle évoque l’esprit de l’arte povera, elle invoque dans un même souffle mille autres esprits, les héros de la mythologie, les artisans du néolithique, les présocratiques. Dans sa conversation en spirale, elle passe du quattrocento de Piero della Francesca à la meilleure d’Italie, après avoir abordé l’abstraction de Malevitch. De l’arte povera, elle promet toujours de donner une définition ; elle tourne autour, digresse, élabore. Mais cerner cet art par les mots ne l’intéresse guère. Ce qu’elle veut en faire ressentir au visiteur, c’est l’expérience.
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