Les trois familles d’Ania, orpheline polonaise devenue soldate en Ukraine

Lorsqu’elle raconte ses trente-trois années d’existence, Ania est elle-même émue par les hasards qui l’ont conduite là où elle est aujourd’hui. La jeune femme est née en 1991 en Pologne, sous le nom d’Ania Zubko, handicapée par une jambe manquante à la naissance et placée dans un hôpital pour enfants. A l’âge de 2 ans, elle est adoptée par une famille belge, sous le prénom d’Anne (elle préfère taire son nom de famille pour protéger sa famille d’adoption), et grandit à Liège. Lorsque la Russie attaque l’Ukraine en 2022, elle se rend à la frontière polonaise, comme des milliers de volontaires venus de toute l’Europe, afin d’aider les réfugiés ukrainiens. Puis elle passe la frontière, découvre les scènes de crimes de Boutcha et d’ailleurs, et décide de rester dans le pays en guerre.

Aujourd’hui, « Ania Tatou », le pseudonyme qu’elle s’est choisi pour sa vie ukrainienne, est soldate dans le 505e bataillon de marine, une unité formée à l’origine de vétérans volontaires s’étant réengagés afin de combattre l’armée russe dans la région de Kherson, désormais intégrée à la 37e brigade de marine. Le bataillon est actuellement déployé sur le front sud du vaste champ de bataille du Donbass, dans l’est de l’Ukraine. Ania vient d’arriver dans le village de V., où elle vit avec ses camarades dans une maison abandonnée, sans eau ni électricité.

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