« La Conscience de Staline. Kojève et la philosophie russe », de Rambert Nicolas, Gallimard, « Bibliothèque des idées », 222 p., 20 €, numérique 15 €.
On croirait ce livre traduit du russe. Non celui de Vladimir Soloviev (1853-1900), dont l’auteur est spécialiste, cette langue exaltée, inspirée, des philosophes religieux de l’Empire russe finissant. Le russe d’aujourd’hui. Celui des intellectuels qui, sous Poutine, contribuent, non sans exaltation à leur tour, à réhabiliter les de l’URSS, au nom d’un idéal que, justement, Rambert Nicolas entend décrire dans .
Rambert Nicolas est un jeune professeur de philosophie. Il a notamment enseigné au Collège universitaire français de Moscou. Son petit livre, qui paraît dans la prestigieuse « Bibliothèque des idées » de Gallimard, est le commentaire d’un texte qu’il vient de traduire dans la même collection : un inédit du philosophe français d’origine russe Alexandre Kojève (1902-1968), (544 pages, 28 euros, numérique 20 euros).
Il lui doit d’ailleurs son titre : , c’est Kojève lui-même, tel qu’il se définissait. On connaît l’auteur d’ (Gallimard, 1947) comme un penseur de la , laquelle trouverait son accomplissement dans une société mondiale où . , première étape d’un plus vaste projet, finalement interrompu, permet de prendre la mesure concrète de cette théorie : il la fait coïncider avec la politique de Staline.
Kojève a commencé à l’écrire en 1940. C’est l’année où, selon plusieurs enquêtes, il est devenu pour le KGB. Deux ans plus tôt, la Grande Terreur organisée par Staline avait fait 750 000 morts. Un an auparavant, l’URSS avait signé avec l’Allemagne nazie un pacte qui en faisait l’alliée. Kojève, manifestement, assumait tout, en pour qui le philosophe était (…) , écrit-il dans . , résume son commentateur, l’humanité devait construire une solidarité universelle, , comprendre : .
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