« La casserole, un modeste ustensile régulièrement transformé en porte-flambeau de la contestation »

Il faut se méfier d’un objet qui dort. Happé par la politique, il peut se réveiller pour se transformer en signe de ralliement d’autant plus percutant qu’il tire sa pertinence de sa banalité. Ces détournements de sens ont, à travers les époques, apporté un supplément d’âme au débat politique, que cette série se propose de raconter. En commençant par la casserole, modeste ustensile régulièrement transformé en porte-flambeau de la contestation.

Au printemps 2023, les déplacements des ministres du gouvernement d’Elisabeth Borne ont été rythmés par le tintamarre du fer-blanc frappé avec frénésie. On peut dater l’acmé de la casserole vengeresse au lundi 17 avril autour de 20 heures, au moment précis où Emmanuel Macron ouvre son intervention télévisée. Selon Attac, organisateur de cette séquence sonore, plus de trois cents ont lieu ce soir-là.

Ces happenings de batteries de cuisine, qui ont tant agacé le président de la République – , finit-il par lâcher –, ont connu un épisode proche du comique. En mai 2023, la préfecture de l’Hérault crut bon de prendre un arrêté interdisant à proximité du lieu où le chef de l’Etat se trouvait en déplacement. L’ustensile fut confisqué à quelques manifestants, geste qualifié a posteriori d’excès de zèle par l’Elysée.

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