« Gracias a la vida », l’art vocal sans limites d’Anne-Lise Polchlopek

Tout comme la première page d’un roman, généralement peaufinée par l’auteur, la plage d’ouverture d’un disque revêt une importance particulière. Celle qu’a choisie Anne-Lise Polchlopek pour introduire son premier album solo confine à l’idéal. En moins de trois minutes, la mezzo-soprano montre ce dont elle est capable dans une scène qui, par sa variété de ton, pose autant de défis expressifs et esthétiques qu’un opéra complet. Le extrait de l’opérette , de Leonard Bernstein, permet à la Française de 35 ans d’exploiter ses immenses qualités de diction (consonnes qui résonnent, voyelles qui se dilatent) et de chant (sobre murmure ou cri d’extase).

Irrésistible, cet air qui se délecte des atours et détours de la langue constitue par son titre – – un clin d’œil à l’identité artistique de la jeune chanteuse (qui révèle la présence d’un « » dans sa formation) en même temps que le panneau annonciateur d’un programme polyglotte (français, anglais, allemand, italien, espagnol) et éclectique (genres, époques) dont le maître mot pour l’interprète est bien l’assimilation.

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