Les images et les mots comme armes des nouvelles guerres, la fiction et le réel entremêlés, indémêlables, le Liban comme épicentre des séismes passés, présents et à venir, et comme métaphore d’un monde morcelé entre communautés… Toutes ces questions, Lina Majdalanie et Rabih Mroué les travaillent à leur manière. Ensemble − le plus souvent − ou séparément, ils inventent depuis trente ans un théâtre singulier, à la fois simple et sophistiqué, réflexif et ludique. Le Festival d’automne, dont ils sont les grands invités avec sept spectacles et une poignée de performances, offre une occasion unique de cheminer dans leur manière de dynamiter les frontières entre le documentaire et la fiction, entre le théâtre et des technologies propices à toutes les manipulations.
C’est à Berlin, dans la partie est de la ville, non loin de l’Alexanderplatz, qu’ils nous ouvrent les portes de leur appartement et de leur univers. Lina Majdalanie − que l’on connaissait auparavant sous le nom de Lina Saneh − et Rabih Mroué y vivent depuis 2013. Depuis qu’ils ont quitté Beyrouth, par le contexte libanais. , raconte Lina Majdalanie.
Partir loin du Liban pour panser et penser les blessures d’un pays déchiré n’empêche pas que le Liban soit toujours là, au cœur de leur travail, avec ses fractures intimes et collectives. Tout les y ramène, depuis leur rencontre, en 1986, dans le département théâtre de l’université des beaux-arts de Beyrouth. Venus tous deux de familles , les deux jeunes gens se sont plu tout de suite et ne se sont plus quittés.
Ils ont suivi la même formation théâtrale, , se remémore Rabih Mroué.
Penser la guerre plutôt que de tenter de la raconter
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