Voilà plus d’un an qu’il n’avait pas prononcé un mot. Même le jour de sa libération, après deux ans et demi de détention en Russie, Yurii, 23 ans, est resté mutique. Ce jeune soldat, dont le nom n’est pas mentionné pour des raisons de sécurité, a été relâché samedi 14 septembre lors du dernier échange de prisonniers de guerre : 103 soldats ukrainiens ont été libérés contre 103 soldats russes capturés à Koursk, ont annoncé Kiev et Moscou. Le rythme des échanges s’est accéléré depuis l’offensive des forces ukrainiennes dans cette région russe, le 6 août, et la capture d’au moins 600 militaires russes. Les deux pays ont, depuis, libéré un total de 267 prisonniers de guerre chacun lors de trois échanges distincts.
Une vidéo des retrouvailles de Yurii avec sa mère à Tchernihiv, près de la frontière russe, a aussitôt circulé dans les médias locaux. On la voit enlacer son fils, en larmes. Lui, teint blafard et crâne rasé, se laisse faire, étrangement figé, le regard ahuri.
« Mais tu parles ! »
Quand le rencontre, mercredi 18 septembre, quatre jours après sa libération, Yurii vient de retrouver l’usage de la parole. Le jeune homme est hospitalisé à Kiev avant son transfert, prévu trois jours après, dans un centre de réhabilitation. Il s’exprime dans un anglais parfait, se tient debout, à peine voûté. Un exploit : deux jours plus tôt, il était en chaise roulante et silencieux. Les médecins, pessimistes, pronostiquaient une longue convalescence : au moins un an avant qu’il puisse reparler. Et puis, la veille au soir, miracle, il a prononcé ses premiers mots : « salut ! » en russe, la langue maternelle de la famille de Yurii, installée à Kiev. , s’est étonné son père.
, glisse le jeune homme en s’asseyant sur le canapé de la petite salle de repos de l’hôpital, à côté de sa sœur Veronika, 16 ans, et de leur mère, Milana, 57 ans. Avide de parler, le jeune homme s’excuse d’avance au cas où il chercherait ses mots, s’assure que personne n’a faim ni soif, et propose de partager le reste des gâteaux offerts par les autorités biélorusses, alliées de Moscou, lors de l’échange de prisonniers. Puis il raconte, dans un flot presque ininterrompu, sa détention, les privations, les faux espoirs de libération, l’échange de prisonniers, son soulagement d’avoir retrouvé sa famille et son sentiment d’étrangeté à être là, de nouveau parmi les siens, après deux ans et demi dans les prisons russes, coupé du monde et soumis aux sévices de ses geôliers. se réjouit-il.
Il vous reste 72.72% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.