En Allemagne, l’effort de réarmement jugé insuffisant par des experts

Est-ce le contexte politique ? Alors que se tient dans quelques jours, dans le Brandebourg, un nouveau scrutin régional qui devrait être marqué par la forte progression de partis hostiles au soutien à l’Ukraine, l’institut de Kiel pour l’économie mondiale (IfW Kiel) a publié, lundi 9 septembre, un rapport alarmant sur les dépenses militaires de l’Allemagne, dont les conclusions ne manqueront pas d’interférer avec la discussion sur le budget 2025 qui s’ouvre au Bundestag.

Le document dresse un constat sévère sur l’effort de réarmement mené par Berlin depuis l’invasion de l’Ukraine en février 2022, soulignant le contraste entre les promesses formulées, dans un contexte de grande émotion, et l’argent effectivement dépensé. déclarait le chancelier, Olaf Scholz, devant le Bundestag, le 27 février 2022, lors d’un discours historique. Avec un objectif clairement affirmé :

Deux ans et demi plus tard, le bilan est décevant, s’inquiètent les experts de l’institut de Kiel. , notent les auteurs, qui estiment qu’il faudra cent ans pour que l’armée allemande retrouve le niveau d’équipement qu’elle avait en 2004 – année prise pour référence – alors même que les capacités de l’industrie d’armement russe ont fortement augmenté ces deux dernières années, au-delà même des pertes de matériel en Ukraine. Moscou serait capable de produire l’ensemble du stock d’armes de l’armée allemande en un peu plus de six mois.

4 000 chars en 1992, 339 en 2021

Cet effort tardif de l’Allemagne est jugé , alors que le gouvernement fédéral parvient à peine à remplacer le matériel envoyé vers l’Ukraine. En résumé, , a affirmé le président de l’IfW Kiel, Moritz Schularick : []

L’institut documente le déclin très substantiel de l’équipement de la Bundeswehr depuis les années 1990, dans les six grandes catégories d’armement : l’Allemagne avait ainsi 4 000 chars de combat en 1992, puis encore 2 400 en 2004, mais seulement 339 en 2021, tandis que le nombre d’avions de combat a été divisé par deux en vingt ans (à 226 en 2021). Un « dividende de la paix » qui aurait permis au pays d’économiser entre 400 et 600 milliards d’euros au cours des trois dernières décennies.

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