Déserts médicaux : « Face aux propositions pour réguler davantage le choix d’installation des praticiens, la colère du corps médical est déplacée, voire choquante »

A l’heure où la question des déserts médicaux redevient un sujet d’actualité, des solutions visant à inciter, voire à contraindre, les jeunes médecins à couvrir davantage le territoire national soulèvent immédiatement des propos indignés de la part des intéressés. Le lobby médical entre en action et trouve des relais efficaces auprès de responsables politiques qui n’ont aucun problème à les soutenir tout en se lamentant des lacunes de la couverture de soins sur leurs territoires. Il est temps d’être factuel à propos de la formation dispensée aux futurs médecins et du métier de médecin.

Le concours d’entrée en deuxième année de médecine a un taux de sélectivité de 12 % à 33 % selon les facultés de médecine. D’autres concours d’entrée sont autant, voire plus, sélectifs : Ecole nationale de la magistrature, Ecole nationale supérieure de la police, Ecole nationale de l’aviation civile, écoles d’ingénieurs, écoles de commerce, écoles nationales vétérinaires, BTS…

Jusqu’à l’internat, les études médicales (six ans) sont quasiment gratuites, l’étudiant devant s’acquitter de frais de scolarité qui ne dépassent pas 500 euros par an. Aux Etats-Unis, une année d’inscription en médecine coûte de 35 000 à 80 000 dollars (de 30 000 à 70 000 euros) ; au Canada, au Royaume-Uni ou en Australie, cela représente 10 000 à 25 000 dollars par an pour un étudiant natif du pays, le double pour un étudiant étranger.

Le concours d’internat a été remplacé en 2004 par les épreuves classantes nationales (ECN), offrant à tous les étudiants en médecine un poste d’interne pour préparer une spécialité médicale, y compris la médecine générale. L’inscription à une prépa privée n’est pas nécessaire pour réussir ces ECN.

Des avantages sans équivalent

Une fois reçu à ces épreuves, l’interne en médecine reçoit une formation hospitalo-universitaire pour devenir spécialiste au bout de quatre ou cinq ans, années pendant lesquelles il perçoit une indemnité supérieure au smic au titre de son travail dans un établissement hospitalier. Les frais de scolarité pour cette formation de troisième cycle, hautement spécialisée, sont inférieurs à 1 000 euros par an.

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