A Abidjan, Souleymane Guebré est ce que l’on appelle un un touche-à-tout prêt à jongler entre plusieurs métiers pour pouvoir boucler ses fins de mois. Livreur à moto le jour, le quadragénaire devient vigile la nuit, et chante aussi certains soirs du reggae dans les bars — une passion autant qu’un gagne-pain. Au terme de cet épuisant marathon, ce père de famille est en mesure de payer les 90 000 francs CFA (137 euros) mensuels de son « deux chambres-salon » d’Abobo, une commune populaire de la capitale économique de Côte d’Ivoire. souligne-t-il d’un ton las, à la porte du petit hôtel où il fait le planton.
Son précédent trois pièces, situé dans un recoin défavorisé de la commune de Cocody, lui coûtait presque deux fois moins (50 000 francs CFA). Mais Souleymane l’a fui il y a quelques mois, par peur des Ainsi nomme-t-on les démolitions au bulldozer de quartiers jugés insalubres, exposés aux inondations et aux glissements de terrain… ou malencontreusement placés sur le tracé des nouvelles infrastructures en construction. Menées par les autorités locales du district au nom de la modernisation d’Abidjan, ces opérations se sont multipliées en 2024. Laissant des dizaines de milliers de personnes sans solution d’hébergement, elles ont contribué à politiser la crise du logement qui affecte cette cité surpeuplée.
Il vous reste 85.11% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.