Cannes 2025 : dans « Alpha », de Julia Ducournau, la beauté des gisants ne laisse pas de marbre

SÉLECTION OFFICIELLE – EN COMPÉTITION

Corps de marbre et larmes de poussière. Chez Julia Ducournau, l’humain se transforme, se dévore, ou retourne à la terre. Après les festins de chair des anthropophages dans (2016), après le lait maternel mutant de , Palme d’or en 2021, voici les gisants de pierre dans , troisième long-métrage de la réalisatrice et scénariste, née en 1983, qui concourt à nouveau pour la Palme d’or. On est prêt à parier pour le trophée, on y croit dur comme fer (ou titane). Primé ou pas, restera parmi les comètes de cette 78e édition – avec , d’Oliver Laxe, que l’on peut ne pas aimer, mais qui tente un geste, de même que , trésor visuel de l’Allemande Mascha Schilinski.

Les sculptures funéraires d’, mises en scène dans des lits d’hôpitaux, sont les images les plus douces et radicales qui nous ont été données à voir, depuis le début de la compétition. L’histoire nous ramène dans les années 1980-1990, lorsque l’épidémie de sida prit tout le monde de court. L’ostracisation des victimes et la peur de l’autre semblaient se propager plus vite encore que le virus. Marquée par cette période, qu’elle a vécue à l’adolescence, Julia Ducournau réalise son film le plus sombre, bien que charriant des torrents de sentiments – certains penseront aussi au trauma dû au Covid-19, et à ces morts emportés sans qu’on ait pu les approcher.

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