Au Jeu de paume, « Le Monde selon l’IA » plonge sans illusions dans l’intelligence artificielle

Au Jeu de paume, pas d’imagerie mignonne dans le style du Studio Ghibli, pas de « starter pack », ce portrait en 3D façon jouet de collection : on ne trouvera aucun des mèmes qui ont envahi les réseaux sociaux récemment. L’exposition « Le Monde selon l’IA » évacue sans ménagement les atours ludiques et légers dont se pare l’intelligence artificielle (IA) dans nos vies.

En faisant appel à des œuvres d’artistes contemporains récentes (moins de dix ans), inédites ou produites pour l’occasion, le projet, qui s’inscrit dans la lignée de l’exposition « Le Supermarché des images » (2020), immerge directement le visiteur dans les coulisses méconnues, et souvent sombres, de l’IA : sa fabrication, mais aussi ses implications vertigineuses. De cette présentation ambitieuse, qui occupe tous les recoins des deux étages du centre d’art (y compris les escaliers), on ressort éclairé autant qu’inquiet.

Les quatre commissaires, menés par Antonio Somaini, professeur de théorie du cinéma, des médias et de la culture visuelle à l’université Sorbonne-Nouvelle, ont composé un parcours passionnant mais dense et ardu autour des capacités d’apprentissage fulgurantes des machines, capables désormais de réaliser des tâches jusqu’alors considérées comme proprement humaines : perception, reconnaissance, prise de décision, création d’images ou de textes… La scénographie tortueuse, avec énormément de textes et des vitrines riches, mais pas toujours faciles à lire, demande d’avoir beaucoup de temps devant soi, et mieux vaut être anglophone pour apprécier.

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