Vol au Louvre : « Ce n’est pas l’asphyxie budgétaire qui menace les musées, mais leur insertion insuffisante dans les politiques publiques »

Le vol intervenu au Musée du Louvre, le 19 octobre, permet de repenser la place des musées publics dans notre pays. Il a en effet mis en évidence des faiblesses, des failles de sécurité et des dysfonctionnements, dont il importe de savoir comment y remédier. Ces vulnérabilités étaient connues de la direction du musée : le personnel l’avait alertée contre le manque de moyens affectés aux questions de sécurité, et la Cour des comptes avait noté un sous-investissement dans ce domaine.

Quelle a été la réponse de la présidence, de la direction générale et du conseil d’administration de l’institution ? La mission première d’un musée étant d’assurer la protection et la conservation des œuvres que la collectivité publique lui confie, ces questions étaient-elles perçues comme une priorité absolue ? Si l’on ajoute l’état des bâtiments – source d’inquiétude concernant l’intégrité des collections et des espaces d’exposition, la présidence de l’établissement parlant d’ et de –, la stratégie du Louvre semble devoir être réinterrogée.

Après des années marquées par l’importance de l’événementiel, des tournages, des défilés de mode, de la promotion et de la communication, ce sont les fondamentaux du musée qui sont en jeu : travaux de modernisation du palais, protection et conservation des œuvres, meilleure gestion des flux de visiteurs, ouverture de l’ensemble des salles, amélioration des conditions de visite, enrichissement de l’expérience muséale, diffusion massive des contenus numérisés, nécessaire exemplarité dans le domaine de la médiation et de l’éducation.

Importantes ressources propres

Dans ces conditions, le projet de « renaissance » du Louvre, qui ambitionne d’accueillir 12 millions de visiteurs par an, apparaît contestable. Alors qu’il est évalué à plusieurs centaines de millions d’euros, il semble désormais évident que ces ressources devraient être prioritairement consacrées à garantir l’intégrité du bâtiment et la préservation des collections. Par ailleurs, certaines entrées existantes étant sous-utilisées, il serait possible dès maintenant d’optimiser la circulation des visiteurs pour améliorer leur expérience et enrichir la découverte des œuvres.

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