Le projet d’accord sur l’avenir de la Nouvelle-Calédonie, signé le 12 juillet à Bougival (Yvelines) par le ministre des outre-mer, Manuel Valls, et les représentants des six délégations indépendantistes et non indépendantistes du territoire, portait en sous-titre « Le pari de la confiance ». Ce pari, trop vite célébré comme s’il avait été tenu, semble avoir été perdu, avec la décision du congrès du Front de libération nationale kanak et socialiste (FLNKS), rendue publique mercredi 13 août,de rejeter ce texte de compromis.
Alors qu’Emmanuel Tjibaou, député et président de l’Union calédonienne, principale composante du FLNKS, avait paraphé le projet d’accord à Bougival, le texte a rapidement été contesté par les militants et rejeté par Christian Tein, président du FLNKS, jusqu’au vote de l’organisation.
Un peu plus d’un an après le déclenchement, le 13 mai 2024, des émeutes qui ont fait 14 morts et plongé la Nouvelle-Calédonie dans le chaos, l’avenir de ce territoire français du Pacifique semble à nouveau en suspens.
Aprement négocié, le projet d’accord de Bougival fait reposer sur une construction juridique inédite – la création, au sein de la République française d’un inscrit dans la Constitution, ainsi que d’une indissociable de la nationalité française – le passage à une nouvelle étape précédant celle de la pleine souveraineté revendiquée par les indépendantistes.
Equation compliquée
Un transfert des compétences régaliennes – limitées dans l’immédiat aux relations internationales – est envisagé pour l’avenir, mais soumis au vote à une majorité difficilement atteignable de plus de 60 % du Congrès de la Nouvelle-Calédonie, une condition jugée éloignée de l’application du droit à l’autodétermination – reconnu par la France – tel que le conçoit le FLNKS. D’autant que le projet d’accord prévoit une révision de la répartition des sièges au Congrès favorisant la province Sud, à majorité anti-indépendantiste.
Le rejet du texte de Bougival représente un échec pour l’exécutif. Après sa signature, Emmanuel Macron a affirmé que la Nouvelle-Calédonie et Manuel Valls a saluéLa décision du FLNKS ne doit pas signifier la fin du dialogue. M. Valls, qui l’a qualifiée d’ et a maintenu sa venue sur le Caillou pendant la semaine du 18 août afin d’ et d’ de l’accord définitif, ne peut pas agir comme si l’un de ses partenaires essentiels ne l’avait pas formellement rejeté. Le texte doit être remis sur le métier. Personne ne peut oublier que les émeutes de 2024 ont été attisées par la tentative de passage en force d’un projet non négocié de révision du corps électoral.
Déjà rendue complexe par le poids de l’histoire coloniale et par les conceptions du temps différentes qui prévalent selon les populations, l’équation calédonienne est encore compliquée par le lien entre la signature d’un accord et le financement par Paris de la reconstruction d’un territoire dévasté par les émeutes. Pour Emmanuel Macron, qui a souvent dénoncé le colonialisme français du passé mais s’affirme soucieux de préserver la place de la France dans le Pacifique, toute la difficulté est de réussir, en Nouvelle-Calédonie, une décolonisation d’aujourd’hui. Celle-ci ne peut passer outre l’écoute ni des Loyalistes ni des Kanak.
Le Monde
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