Xavier Timbeau, directeur de l’OFCE : « Avec son budget, François Bayrou s’attache trop peu à redonner confiance dans l’avenir de la France »

Le premier ministre, François Bayrou, vient de livrer son projet de budget. S’appuyant sur un diagnostic alarmant, il a annoncé que le déficit public en 2026, estimé à 4,6 % du produit intérieur brut (PIB), soit 140 milliards d’euros, serait inférieur de 0,8 point à celui prévu pour 2025, dont il n’est pas tout à fait sûr qu’il sera réalisé. Entre 2024 et 2026, l’effort budgétaire cumulé – la somme de toutes les hausses d’impôts et baisses des dépenses – devrait être de 1,7 point de PIB, soit 50 milliards d’euros. La potion est amère et violente. Elle ne fait qu’amorcer un programme encore plus sévère, si on en croit le programme budgétaire à moyen terme, actualisé en avril.

La situation est alarmante, pour sûr. Le déficit public de 2024 induit une hausse de la dette publique de plus de 3 points de PIB, qu’il est impératif de contrôler. Ce contrôle est nécessaire pour que l’Etat français puisse continuer d’emprunter à des taux modérés. La dette publique est encore considérée comme un actif sûr, et tout doit être fait pour conforter ce statut, afin que la seule question qu’elle soulève demeure celle de l’équité entre les générations.

La France n’est ni la Grèce des années 2009-2011 (finances publiques hors de contrôle, manipulations comptables, abandon par les partenaires) ni l’Irlande ou l’Espagne de l’après-crise financière (lourds déséquilibres extérieurs, dettes privées et systèmes bancaires à l’agonie). Mais la confiance de la Banque centrale européenne, des partenaires européens ou des marchés financiers n’en reste pas moins un enjeu majeur.

Cela impose de réduire le déficit public rapidement et efficacement, mais aussi de ne pas céder à la panique et de s’attacher à redonner confiance dans l’avenir de la France. Au-delà du déficit public, le pays souffre de nombreux maux : un taux d’épargne trop élevé, un taux d’activité des seniors insuffisant, des services publics dont la qualité est inférieure à celle de ses partenaires, et qui sont essentiels pour le futur, des investissements trop longtemps différés dans la transition environnementale, ainsi qu’une insuffisance de production pour la sécurité, qui nécessiterait des efforts tant quantitativement que qualitativement.

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