LA LISTE DE LA MATINALE
Et si la bande dessinée était un excellent briseur de tabous d’où émergeraient, entre deux cases, quelques vérités qui dérangent ? a sélectionné huit albums, qui permettront de se poser quelques questions essentielles : pourquoi est-il plus facile d’imaginer la fin du monde que celle du capitalisme ? Pourquoi, lorsqu’un enfant est en danger, chacun pense que ce n’est pas à lui de parler ? Enfin, comment peut-on imaginer que ceux que la société rejette ne chercheront pas, un jour, à se venger ?
« La Ville » : la revanche des morts-vivants
Cocktails, DJ, moiteur des corps en transe, frôlements sur la piste de danse : la fête bat son plein dans le dernier album de Nicolas Presl, spécialiste de la bande dessinée muette. Ce moment d’hédonisme ne dure qu’un instant. Arrivant par les eaux, des cadavres surgissent et s’invitent dans la dolce vita du couple richissime, qui se retrouve bientôt coincé sur son îlot-villa ultra-luxueux. D’un côté : les morts-vivants, figures fantomatiques des migrants refoulés aux marges et entassés dans les bas-fonds de la cité, se révoltent. De l’autre : les nantis, réfugiés dans leur prison dorée, ignorent les fumées du soulèvement populaire pourtant visible de toutes leurs fenêtres.
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