Simon Jäger, économiste : « Il faut se débarrasser de l’idée romantique de l’ouvrier de l’industrie qui serait l’avenir du pays »

Simon Jäger, professeur associé à l’université de Princeton (New Jersey) et au MIT, est spécialiste de l’économie du travail.

Aujourd’hui, en Allemagne, 10 000 emplois industriels disparaissent chaque mois. Est-ce la fin du travailleur classique de l’industrie ?

Le modèle industriel allemand est fortement sous pression. Mais la crise a commencé il y a longtemps, dès 2017-2018, quand a débuté la baisse de la production des industries intensives en énergie. Dans les années 2000-2010, l’Allemagne a fortement profité de l’essor industriel de l’Asie et de la Chine. Ce succès, qui s’est accompagné d’un boom sur le marché de l’emploi, a occulté beaucoup de choses, comme le vieillissement des infrastructures, l’absence d’investissement dans les technologies d’avenir, le déséquilibre de l’approvisionnement en énergie. On en paye aujourd’hui le prix.

Cela pose la question de l’avenir du modèle économique allemand, qui a toujours été fortement basé sur la production de machines de haute qualité. Le problème est qu’il n’y a plus autant de clients pour ces produits dans le monde, et que la concurrence s’est renforcée. Et, de façon générale, les emplois de production sont en déclin partout, même en Chine.

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