L’univers opaque du microtravail : des travailleurs invisibles pour des rémunérations dérisoires

Tous les jours ou presque, après sa journée de travail dans un hypermarché Leclerc, à Haudainville (Meuse), Sophie Depuiset  : elle récupère les commandes d’autres clients au drive et les livre à leur domicile contre quelques euros. Pour compléter un salaire au smic, cette mère qui élève seule ses deux enfants énumère une panoplie d’autres applications : Roamler, , WeWard, une application qui compte les pas en échange de bons d’achat – , ou encore une coopérative en ligne

Cotransportage (Shopopop, Yper, Tut Tut), voisins relais qui stockent et dispatchent des colis à leur domicile pour 25 ou 40 centimes pièce (Pickme, Welco), travailleurs du clic qui entraînent les intelligences artificielles (Yappers) ou répondent à des sondages en ligne (Moolineo, Toluna)… Toutes ces microtâches ont deux points communs : elles paient peu et ne relèvent d’aucun statut. A l’inverse des traditionnels Blablacar, Vinted ou Leboncoin, où l’utilisateur doit déclarer son activité en tant qu’autoentrepreneur à partir d’un certain seuil de revenus, Shopopop et consorts sont autant de trous dans la raquette : ils s’inscrivent dans une zone grise.

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